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C R È T E E T L E K H A L I F A T
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C'était le temps des grands massacres arméniens.
La môme politique hamidienne créait en Macédoine
un commencement d'insurrection ; tournés vers la
Macédoine, les gouvernants d'Athènes prêchaient aux
Crétois la soumission, la patience : tout mouvement
crétois, amenant les (lottes des puissances dans les
ports grecs, paralyserait l'hellénisme, tandis que
Serbes et Bulgares, mieux armés sur la terre terme,
pourraient gagner en Macédoine... Les Crétois
acceptèrent ce nouveau sacrifice aux besoins de la
Race. Ils se prêtèrent à tout ce que voulurent les
puissances; ils ne donnèrent ni dans les pièges
d'Abd-ul-Hamid, ni dans les menées de certains con–
suls étrangers... Alors l'Islam et le Khalife eurent
recours au grand moyen.
Un voyageur français, Olivier, écrivait i l y a plus
d'un siècle : « Personne n'ignore qu'on a quelquefois
proposé d'en venir à une mesure générale et de se
défaire en un j ou r de tous les Grecs de l'empire...
On aurait infailliblement recours, en Crète, à ce
moyen atroce si l'île était menacée par une puissance
européenne '. »
En février 1896, les
beys
crétois annonçaient tout
haut le massacre. Le 24 mai, ils le tentaient à la
Canée et assassinaient les
cawas
des consuls russe
et grec. En décembre, ils affichaient aux portes des
mosquées : « Puisque les droits des musulmans
sont méprisés par l'Europe, i l ne leur reste plus
qu'à s'ensevelir sous les ruines de leur patrie. » En
jlanvier 1897, une seconde tentative de massacre
échouait. Mais, sur de nouvelles instructions venues
1.
Voyage dans l'Empire
ottoman,
I I ,
p. 303.
Fonds A.R.A.M