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L A MORT DE STAMBOUL
L'article 13 du traité de San Stéfano stipula :
«
La Sublime Porte s'engage à appliquer scrupuleu–
sement dans l'île de Crète le
Règlement organique
de
1868,
en tenant compte des vœux déjà exprimés par
la population indigène... » Le Tsar, libérateur des
Bulgares, protecteur des Serbes et des Monténégrins,
laissait ses fidèles Cretois aux mains des Turcs : i l
voulait punir l'hellénisme de la neutralité qu'en
cette guerre russo-turque les puissances occiden–
tales avaient imposée au royaume grec; une fois
encore, la Crète payait pour la Race.
Au Congrès de Berlin, les puissances de l'Occi--
dent se mon t r è r en t favorables à l'hellénisme; elles
firent attribuer au royaume d'Athènes l'Épire et la
Thessalie; mais en ce qui touchait la Crète, elles
recopièrent seulement l'article de San Stéfano.
Comme les chrétiens de Crète et les Albanais d'Épire
rejetaient ces décisions, l'Europe n'intervint pas
contre les Albanais et laissa l'Épire au Sultan; mais
elle menaça d'intervenir contre les Cretois et elle
leur ménagea seulement un pacte bilatéral, signé
entre les insurgés et le pacha turc. Ce Pacte de
Khalépa ne donnait à l'île qu'une demi-autonomie.
L'hellénisme néanmoins supplia les Cretois de s'en
contenter. Une fois de plus, ils durent se résigner à
servir l'intérêt de la Race, tel qu'il apparaissait
désormais aux gens d'Athènes.
Les événements de 1878 avaient changé les senti–
ments des Grecs à l'égard de la Turquie. Jusqu'en
1878,
l'hellénisme, n'ayant encore de regards que
pour les souffrances de la Crète (le Bulgare com–
mençait à peine de reparaître à l'horizon macédo–
nien), n'avait de haine proclamée que contre le Turc,
Fonds A.R.A.M