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C K È T E E T L E K H A L I F A T
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Règlement organique
bridait les caprices des fonc–
tionnaires ottomans, mais ne faisait qu'irriter les
haines entre musulmans et chrétiens qu'on essayait
de mettre sur le pied d'égalité. Dix années encore
(1808-1878),
en attendant la septième insurrection,
la guerre sociale se poursuivait clans l'île : l'islam
crétois, maintenant, allait à la ruine; les
begs
des
villes et les
agas
des plaines s'endettaient sans pou–
voir refaire leur fortune par les exactions d'autre–
fois; le peuple chrétien, n ' é t an t plus décimé parles
meurtres et les rapts, pullulait et, peu à peu, recon–
quérait tout le pays; le citadin des ports s'enrichis–
sait dans le commerce des huiles; le paysan des
monts, sous le couvert des j.ustes lois, ramenait ses
troupeaux, poussait ses rachats de terres et ses sil–
lons jusqu'aux rivages. Mais citadins et paysans ne
voyaient dans la richesse qu'une arme nouvelle pour
l'expulsion du musulman et la conquête de l'indé–
pendance, de l'union.
La septième insurrection vint avec la guerre russo-
turque (1877-1878). Après la victoire des Russes et
la paix imposée par eux sous les murs de Stamboul,
i l semblait que la Crète fût enfin assurée de l'affran–
chissement : depuis 1770, les seuls Monténégrins
égalaient les Crétois dans leur docilité envers
Pé t e r s bou r g ; jamais les insurrections Cretoises ne
s'étaient faites contre le g r é de la Russie; jamais
elles n'étaient venues à un moment inopportun pour
la diplomatie du Tsar; en 1878, le chancelier russe
était toujours ce prince Gortschakof qui, dès 1866,
voyait dans l'union de la Crète à la Grèce le seul
remède à « l'acte de faiblesse », au « faux calcul »
qui, en 1829, avait laissé l'île aux Turcs...
Fonds A.R.A.M