L ' U N I O N B A L K A N I Q U E
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l'avidité des Vieux, et l'inexpérience, le chauvi–
nisme, la vanité des Jeunes? Si l'ancien et le nou–
veau régime avaient eu des ministres plus généreux
ou plus habiles, la catastrophe aurait-elle pu
s'éviter? ou bien, dans la vie de l'Empire turc, les
révoltes de la Crète et la Macédoine n'ont-elles pas
été des accidents? furent-elles les produits naturels,
les conséquences inévitables du système de gou–
vernement sur lequel cet empire a été fondé, a
toujours vécu et continuera, sans doute, de vivre
jusqu'à sa dernière heure qui, maintenant, peut-être,
est toute proche? L'empire turc, non par la faute de
ses gouvernants successifs, mais par la nature
môme de sa constitution permanente, n'a-t-il pas
toujours eu, n'aura-t-il pas toujours des Crète et des
Macédoine? et les provinces d'Europe étant perdues
aujourd'hui, demain les même s maux ne vont-ils
pas entamer et conduire à leur perte les provinces
asiatiques?... Certains disent que l'Arménie devien–
dra une autre Macédoine, et le Liban, une autre
Crète, sans que l'expérience d'aujourd'hui puisse
être de la moindre utilité.
Fondé par l'invasion de conquérants jaunes en
terres chrétiennes; agrandi et maintenu par la bra–
voure de son général en chef — c'est le sens propre
du mot
sultan
:
les Latins l'auraient exactement
rendu par
imperator
—,
l'empire militaire des Turcs,
le Sultanat, n'a jamais cherché d'autre titre à son
droit de propriété que la maintenance de la con–
quête; i l n'a subsisté que pour l'exploitation et par
l'exploitation des terres conquises, sans se soucier ni
des sentiments n i des intérêts des peuples asservis.
Mais i l est devenu, en outre, une théocratie musul-
Fonds A.R.A.M