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L A MOUT DJS STAMBOUL
ou la geste de quelque héros. En notre siècle laïque
et démocrate, la Crète et la Macédoine se sont
servies de la foule anonyme et de ses besoins les
plus temporels. C'est en intervenant tous les jours
dans le trantran des deux peuples grec et bulgare,
en les contrariant dans les moindres de leurs combi–
naisons politiques, financières et commerciales, en
venant les tirer par la manche dans leurs besognes
les plus urgentes, derrière leurs charrues ou leurs
comptoirs, en les frappant à la bourse et au ventre,
qu'elles les ont forcés, l'un et l'autre, à marcher pour
elles et pour eux : Jeanne d'Arc chassait l'Anglais par
grand'pitié du peuple de France; Athènes et Sofia
se sont mises en chasse du Turc par grand besoin
d'assurer à leurs gouvernements le budget annuel, à
leurs peuples le pain quotidien.
Jeunes et Vieux, pourquoi les Turcs ont-ils traité
la Macédoine et la Crète de pareille façon? pour–
quoi, surtout, la triste expérience et la chute des
Vieux n'ont-elles pas épargné aux Jeunes les fautes
et le châtiment dont auraient dû les préserver leur
régime constitutionnel, leur sincère amour du pro–
grès, leur entreprise même de réformes et leur
besoin de trouver dans leurs sujets chrétiens des
collaborateurs pour le relèvement économique et la
mise en valeur de leur empire, des alliés contre les
résistances et les sursauts réactionnaires de leurs
sujets musulmans?
Faut-il inculper seulement l'orgueil, le fanatisme,
Fonds A.R.A.M