L ' U N I O N B A L K A N I Q U E
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nienne, l u i apparaissaient la seule chance de désar–
mement partiel et de paix temporaire, le soulage–
ment de son royaume et le salut de sa dynastie. Mais,
en outre, le souci de sa sécurité personnelle l'obli–
geait à se faire l'avocat des Macédoniens dans les
conseils de Sofia : i l ne cachait pas depuis dix ans
déjà que, pour l u i aussi, la Macédoine était une
question de vie ou de mort; à maintes reprises, i l
avait senti comme le vent de la balle ou du poignard
macédoniens.
C'est la Crète, dans la personne de M. Vénizélos,
c'est la Macédoine, dans la personne du tsar Ferdi–
nand, qui unirent presque de force le Grec et le
Bulgare et les obligèrent à la guerre contre le Turc,
à la victoire, au salut. Quel sujet pour le poète de
quelque nouvelle
Légende des Siècles
que cette
revanche des deux victimes hamidiennes
1
!
et quel
spectacle pour nos arrières-neveux (l'humanité n'ap–
précie jamais la beauté des spectacles contempo–
rains) que ce retour d'Abd-ul-Hamid, survivant trois
années à la chute de son trône, demeurant trois
années derrière ses fenêtres grillagées de Salonique
pour reparaître au soleil de Stamboul sur les ruines
de son empire ! On trouverait dans l'histoire pareilles
revanches de l'opprimé. Ce qu i fait la beauté toute
nouvelle, la modernité de celle-ci, c'est que l'on en
puisse retracer la marche quotidienne et comme le
cheminement terre à terre.
Dans l'histoire d'autrefois, la Crète et la Macédoine
se seraient -vengées par le miracle de quelque dieu
1.
J'ai raconté ailleurs les souffrances de la Crète et de la
Macédoine sous le régime haraidien :
La Macédoine,
Paris, Armand
Colin, 1897;
Les Affaires de Crète,
Paris, Armand Colin, 1808..
LA MORT DE STAMBOUL.
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Fonds A.R.A.M