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LA MOIIT
DE
STAMBOUL
Depuis deux ans déjà (1910-1912), ils sentaient
qu'avant peu i l leur faudrait choisir. Des raisons
toutes matérielles, une simple addition budgétaire,
leur rendaient le choix inéluctable avant 1914 : ils
succomberaient alors sous le fardeau des emprunts
et des armements. La surprise fut que le choix se
produisit dès l'automne de 1912 : i l devança de six
mois, d'un an peut-être, les prévisions des specta–
teurs les plus attentifs.
C'est qu'en 1912, la Crète elle-même, installée au
gouvernement d'Athènes, dans la personne de
M. Vénizélos, violenta les dernières hésitations des
Grecs. J u s qu ' à la dernière minute, ils se débattirent;
môme les signatures avec Sofia échangées, ils deman–
daient à réfléchir encore ; même les hostilités ouvertes
par le Monténégro, la Porte essayait encore de les
séduire et le roi de Grèce, dit-on, pensait à secouer
le j oug de son ministre crétois, à coaliser contre cet
énergique Premier les hommes d'État plus spécifi–
quement grecs. M. Vénizélos l'emporta; mais ce ne
fut que de quelques heures ; peut-être la déclaration
de guerre par les Bulgares n'arriva-t-elle que juste à
temps pour déjouer cette coalition des vrais Grecs
contre ce Crétois importun.
Et l'on dit qu ' à Sofia, pareil antagonisme, mais
inversement symétrique et moins nettement déclaré,
mit parfois en délicatesse le tsar Ferdinand et
certains hommes d'État plus foncièrement bulgares,
qui voulaient rétablir l'intimité avec Stamboul.
Le tsar Ferdinand avait la nette vision des intérêts
et des besoins de tout son peuple : dans une poli–
tique d'union balkanique avec ou contre la Turquie
et dans un prompt règlement de l'affaire ma c é do -
Fonds A.R.A.M