L ' U N I O N B A L K A N I Q U E
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mois, à en installer cinq ou six mille dans les îles
et en Thessalie. Les « persécutions des Grecs en
Bulgarie
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»
devinrent, durant des années, un sujet
de lamentations patriotiques dans tout l'hellénisme.
Une revue,
L'Hellénisme,
se publiait à Paris pour
dénoncer au monde civilisé les crimes des Bulgares:
durant neuf années (1903-1912), on entendit ces
défenseurs des Droits de l'Hellénisme prêcher la
bulgaroktonie comme le grand devoir du Grec et
du Philhellène.
Jusqu'en 1903, les Serbes partagèrent ces senti–
ments à l'endroit du Bulgare : la guerre de comités
et de propagande se poursuivait en Macédoine
aussi bien entre Bulgares et Serbes qu'entre Bul–
gares et Grecs. Mais quand l'assassinat du roi
Alexandre et de la reine Draga (20 j u i n 1903) eut
débarrassé la Serbie de la dynastie des Obrénovitch,
si longtemps inféodée aux gens de Vienne, i l sembla
que la nouvelle dynastie des Karageorges modifiait
cette politique; sur les conseils de Pétersbourg, par
crainte aussi des « frères » serbes de Cettignô, Bel–
grade inclinait vers une réconciliation avec les
«
cousins » de Sofia. On parla d'alliance; on négocia,
on signa même (1905) une union douanière, que
l'Autriche, de sa plus grosse voix, fit rompre aus–
sitôt : Vienne entendait garder les Serbes dans sa
dépendance économique, dans le courtage de ses
voies ferrées et de ses transitaires. Les désirs de
réconciliation entre Belgrade et Sofia subsistèrent
né anmo i n s ; mais, de 1906 à 1908, ils allèrent s'alïai-
blissant et ils semblèrent ne pas survivre aux évé-
1.
Brochure publiée à Athènes, chez Sakellarros, 1906.
Fonds A.R.A.M