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L A M O R T D E
S T A M B O U L
noments de l'été et de l'automne de 1908, à la révo–
lution jeune-turque, surtout à la crise de l'annexion
bosniaque et de l'indépendance bulgare...
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Abd-ul-Hamid, avant de tomber du pouvoir, avait
assisté au plein éclat des dissensions gréco-bulgares
et bulgaro-serbes pendant les six longs mois de cette
crise, qui dura d'octobre 1908 à mars 1909. Belgrade
reprochait amè r emen t aux gens de Sofia leur alliance
avec les gens de Vienne : pour obtenir le bénéfice
tout nominal de l'indépendance proclamée, les Bu l –
gares livraient les peuples serbes à la tyrannie de
l'Autriche. Aux yeux des Grecs, c'était le quatrième
attentat de cette politique inlassable qui, par le
schisme de l'Exarchat (1870), par l'érection de la
principauté (1878) et par l'annexion de la Roumélie
(1885),
avait entrepris la ruine de l'Idée et qui la
poursuivait aujourd'hui par l'investissement de la
«
Ville » : indépendance pour les Bulgares, —
disaient les gens d'Athènes, •— perte de Constanti-
nople pour les Grecs de l'avenir :
La partialité générale et cynique de l'Europe en faveur
des Bulgares, son animosité inexplicable contre les Grecs
sont des faits qui crèvent les yeux. Ce n'est pas que le
temps ni l'occasion aient manqué pour connaître ces Malhu-
salems de la Barbarie.
Voilà quatorze cents ans qu'ils ont paru en Europe et se
sont établis sur les terres de l'Empire d'Orient; quatorze
cents ans qu'ils sont entrés en contact avec la civilisation
chrétienne, alors à l'apogée de sa grandeur et de sa pureté.
Ils sont contemporains des Francs, plus anciens que les
Fonds A.R.A.M