L ' U N I O N B A L K A N I Q U E
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durant les trente années de son règne (1878-1908).
n'eut qu ' à l'entretenir doucement. De 1878 à 1890, i l
dut môme la modérer, de peur qu'une explosion
trop violente n'eût de fâcheuses conséquences pour
son empire mal rétabli : en 1885, Serbes et Bulgares
en venaient aux mains pour la province de Roumélie
orientale que le traité de Berlin avait dotée de
privilèges, mais laissée au pouvoir du Turc et que
les Bulgares annexaient à leur principauté; les
Serbes vaincus sur terre, la flotte grecque se fût
chargée peut-être d'aller en Mer Noire venger le
Turc de ce nouvel attentat : les Bulgares enlevaient
encore une province au domaine revendiqué par
l'hellénisme ! un blocus européen dut maintenir à
quai les vengeurs de l'Idée.
De 1890 à 1896, par contre, Abd-ul-Hamid eut à
lutter contre des velléités de réconciliation. I l s'était
trouvé un homme d'Etat grec, M. Tricoupis, pour
offrir à Belgrade et à Sofia l'oubli du passé et la
préparation d'un meilleur avenir. Mais, par de belles
promesses, en enlevant au Patriarche, pour les
attribuer à l'Exarque, de nouveaux diocèses ma c é –
doniens, Abd-ul-Hamid s'attacha les Bulgares et,
l'entente austro-russe venant à l'appui de sa poli–
tique (1896-1897). les gens de Sofia le laissèrent
écraser les .Grecs en cette invasion de la Thessalie
qui,fut l'apogée de son règne (1897).
Aussi, de 1897 à 1908, fut-on mal venu
1
de prêcher
la réconciliation balkanique pour le salut des Macé–
doniens et pour la liberté des Cretois : aux yeux des
Bulgares et des Serbes, on ne fut ô^u'un utopiste,
1.
Cf. Victor Bérard,
P r o Macedonia,
Paris, Armand Colin, 1904.
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