L ' U N I O N B A L K A N I Q U E
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l'Exarque, disaient-ils, resterait le subordonné du
Patriarche, au môme titre, par exemple, que le mé–
tropolite de Belgrade ou d'Athènes; mais, du même
droit que le métropolite de Belgrade régit en langue
serbe son Église et son clergé serbes, l'Exarque
aurait sa langue, ses rites et son clergé bulgares
pour paître son troupeau bulgare aux côtés, un peu
à l'écart du troupeau et du clergé patriarchistes.
Patriarche grec, Exarque bulgare : cette associa–
tion hiérarchisée sauvegardait apparemment l'unité
de l'orthodoxie; le Patriarche demeurait le chef
suprême, le Pape de tous les orthodoxes. Mais l'éta–
blissement d'une Église bulgare supprimait le mono–
pole du clergé grec et du rite grec en des pro–
vinces de la Turquie d'Europe, que l'hellénisme
revendiquait pour son héritage. Le Patriarche de
1872,
meilleur serviteur peut-être de l'hellénisme
que de l'orthodoxie, refusa de créer un Exarque de.
son obédience et accula les Bulgares au schisme
dé c l a r é
1
.
Malgré le Pape des orthodoxes, le Turc, sous la
pression des Busses, fit de sa propre autorité un
Exarque des Bulgares et l u i attribua des diocèses
pour ses évoques. I l y eut désormais deux Églises
orthodoxes dans l'empire ottoman, deux Papes
orthodoxes à Stamboul, et la rivalité du Patriarche
grec et de l'Exarque bulgare au sommet, des
évêques patriarchistes et des évoques exarchistes
dans la hiérarchie, des orthodoxes-grecs et des
orthodoxes-bulgares dans le troupeau fit à nouveau
1.
Sur tout ceci, cf. mon livre
La Turquie et l'Hellénisme
con–
temporain,
Paris, Alcan, 1891.
Fonds A.R.A.M