G
L A
M O R T D E
S T A M B O U L
cale ou, comme on dit aujourd'hui, patriarchiste.
Le Sultan turc étant toujours prêt à soutenir
son Patriarche contre toute révolte des chrétiens,
comme son Cheik-ul-Islam contre toute révolte des
musulmans, les Bulgares et les autres orthodoxes
durent subir quatre siècles (1453-1855) les ordres et
les délégués de ce Pape gréco-turc, adopter les
rites et la langue de l'Eglise grecque, n'avoir plus
d'évêques et de haut clergé que grecs, bref ne plus
être qu'unités indistinctes dans cette «
millet
(
na–
tion) de Roum », dans ce troupeau de « Roumis »,
disaient les Turcs, de « Grecs », disait l'Europe.
La haine du Bulgare contre le maître grec en fut
comprimée, non pas éteinte. La haine du Grec contre
cetesclave toujours récalcitrant se tourna en mépris.
Le Bulgare, pour les gens du Patriarcat, devint ce
qu'avait été le Scythe pour les Athéniens d'autrefois,
le barbare qu'il fallait à grandes bourrades pousser
vers la civilisation, vers l'hellénisme. Quatre siècles
durant, le Turc fut assez fort pour imposer cette vie
commune à la résignation des Bulgares.
Mais après la guerre de Crimée, quand les apôtres
de la Russie panslaviste vinrent prêcher aux diocèses
slaves de Macédoine et du Danube (1855-1870) la
révolte contre « l'exploitation grecque », disaient-ils,
ils retrouvèrent sans peine un peuple bulgare et un
bas-clergé bulgare qui ne demandaient qu ' à secouer
la tyrannie du Patriarche. Puis les diplomates de
cette même Russie panslaviste obtinrent (1870-1872)
que le Turc r e connû t deux « nations » à l'intérieur
de son Église orthodoxe, une « nation roumi » et
une « nation bulgare », avec deux clergés et deux
chefs, le Patriarche maintenu et un Exarque créé :
Fonds A.R.A.M