L ' U N I O N B A L K A N I Q U E
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cents ans l'arrivée des Turcs en Europe et dominé la
vie byzantine déjà. Les historiens disaient que, de
tous les Barbares qui, du
V
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au ix° siècle de notre
ère. s'étaient jetés dans l'Empire de Byzancc, les
seuls Bulgares n'avaient jamais cessé d'en être tenus
pour les ennemis : même amalgamés à la masse des
sujets slaves, même convertis au christianisme
orthodoxe, ces hommes à face jaune, venus du fond
de la Scythie, du pays des Hyperboréens, étaient
restés dans les terreurs de la Borne levantine, comme
la personnification do la sauvagerie, ce qu'étaient
les Vandales pour la Borne de l'Occident, ce que fut
pour nous encore, au x i x
c
siècle, le Cosaque... La
chasse aux Bulgares avait été, sept ou huit siècles
durant, le premier devoir du César byzantin, et
«
Bulgaroktone »,
Tueur de Bulgares,
son plus beau
titre de gloire.
Le Turc survenant, i l avait pu sembler que la
réconciliation dans la servitude s'imposait aux deux
ennemis. Ce n'avait été qu'apparence : jamais ces
deux sujets de la Porte n'avaient déposé la haine
héréditaire. Mais, durant quatre siècles (1453-18oo),
le Turc avait feint de l'ignorer; i l l'avait ignorée
peut-être. I l avait simplifié toutes les questions reli–
gieuses et civiles de sa conquête. I l avait imposé, à
tout ce.qui voulait en ses terres demeurer chrétien-
orthodoxe, aux Bulgares, aux Valaques, aux Serbes
comme aux Grecs, l'autorité de son Patriarche de
Stamboul, seul chef à ses yeux de toute cette « na–
tion de Boum », seul responsable envers la Porte
de leur docilité, à tous, et de leurs impôts.
Tous les orthodoxes de l'Empire durent se ran–
ger sous l'uniforme hiérarchie de l'Église patriar-
Fonds A.R.A.M