L A MORT DE STAMBOUL
exécuter en 1910, sous le régime constitutionnel, ce
que quatre cents ans d'absolutisme n'avaient pas osé
tenter, ce que le seul Abd-ul-Hamid rêva un instant
contre les Arméniens, — « le grand moyen », la
suppression d'une race indigène de cinq millions
d'hommes dans le territoire que ses ancêtres occu–
pent depuis trois mille ans. Déjà le boycottage ruine
les bazars grecs de l'empire, les commissionnaires
et les bateliers grecs, les compagnies de navigation
grecques :
Constantinople,
le 30 mai.
Le boycottage des marchan–
dises et des bateaux grecs dans les ports de la mer Noire
tend à prendre une extension i n q u i é t a n t e .
Saloniqae,
le 10 juin.
Un c om i t é de boycottage s'est
constitué contre tous les navires grecs. I l est interdit aux
d é b a r d e u r s , sous menace de mort, de d é c h a r g e r les navires
grecs et d'y transporter des passagers.
Constantinople,
le 10 juin.
Le boycottage a pris à
Smyrne une l'orme e x t r ê m e m e n t violente. Des Crétois
musulmans ont parcouru les rues, obligeant les proprié–
taires de magasins grecs à fermer boutique. Le d r o gma n du
consulat grec n'a é c h a p p é à de mauvais traitements que
grâce à l'intervention des a u t o r i t é s .
Salonique, le
20
juin.
Des affiches ont été posées par le
c om i t é de boycottage : « Nous avons p r é v e n u le monde que
nous c r è v e r i o n s les yeux et couperions les mains à tous
ceux qui oseraient vouloir prendre une parcelle de territoire
ottoman. A i n s i nous ferons. Nous avons déjà décidé de
boycotter tous les navires battant pavillon h e l l è n e et tous
les produits venant de G r è c e ; mais cela ne suffit pas. Rom–
pons toutes relations avec tous les Grecs ottomans, nos
boulangers, nos bouchers, nos épiciers, etc., dont les aspi–
rations sont t o u r n é e s vers la Grèce. »
Constantinople,
le
24
juin.
Sous le couvert d u patrio–
tisme, c'est la guerre é c o n o m i q u e ayant pour objet d'éli–
miner le Grec du m a r c h é . Le
Tanine
écrit : « Avant de tirer
Fonds A.R.A.M