L A CRÈTE ET L E K H A L I F A T
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Cretoise, tous les musulmans se r é u n i r o n t , morne ceux du
Soudan et de l'Algérie, pour demander l'étendard du Pro–
p h è t e et se faire justice e u x - m ê m e s . Lors des é v é n e m e n t s
de Crète, sous Abd-ul-Hamid, les Arabes de Médine j u r è r e n t
sur le Tombeau du P r o p h è t e de former une société
pour
défendre les droits d u monde mu s u l ma n . Abd-ul-Hamid
r é u s s i t alors à les en dissuader. Mais dans l'occasion pré–
sente i l serait facile de r é u n i r tous les é l é m e n t s du monde
islamique. »
Le d é p u t é Mehmed A l i (Crétois) dit que le cabinet
peut
trouver facilement
un
prétexte de guerre contre la
Grèce :
sous Abd-ul-Hamid, l ' a r m é e turque atteignit Lamia en
v i n g t j o u r s ; l ' a r mé e d u r é g i m e actuel irait à A t h è n e s en
une semaine.
Constanlinople,
le 5 juin.
L'effervescence, é v i d e mm e n t
très attisée contre la Grèce, prend une é n o r m e
extension.
L ' o u l éma de Nenemen, â g é
de
soixante-dix ans,
invite les
hodjas et les o u l é m a s à se joindre aux trois mille volon–
taires dont i l sera le porte-drapeau, pour aller montrer aux
t r a î t r e s crétois la grandeur du Chéri et la gloire des Turcs :
r e n o n ç a n t à sa famille et à sa fortune, i l marchera, le
linceul au cou, le Coran sur la poitrine et l'épée à la
main.
Le moindre incident de frontière amènerait une
guerre turco-grecque qui, d é bu t a n t par l'entrée des
Turcs en Thessalie, finirait sans doute par l'entrée
des Bulgares à Andrinople, des Russes dans les
Détroits, des Autrichiens à Salonique. Les moins
pessimistes des Jeunes-Turcs entrevoient cette fin.
Peu leur importe : « La Turquie, dit le
Tanine,
pourra être ruinée ; mais elle en entraînera d'autres
dans le sanglant précipice où elle tombera. » Une
seule pensée a envahi tous les cerveaux turcs : faire
à l'hellénisme et aux Grecs le plus de mal qu'il se
pourra; môme au prix de la Turquie d'Europe,
extirper le Grec des Iles et de la Turquie d'Asie;
Fonds A.R.A.M