L A fiUÈTE ET L E K H A L I F A T
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l'épée, la nation oltoiuane ferme sa bourse aux Hellènes. 11
n'y a pas de sentiment plus légitime, plus logique. Malgré
les dommages de cette guerre é c o n om i q u e , les profits
futurs seront considérables, parce que le pavillon hellé–
nique et les marchandises grecques seront contraints
d'abandonner la.place et la concurrence. » Des c o mm e r ç a n t s
turcs engagent, moyennant salaire, des individus de la
populace pour faire la garde devant la boutique de leurs
concurrents h e l l è n e s , e m p ê c h e r les clients d'entrer et les
emmener par force chez eux. A Smyrne, u n débit de tabac
a été d é t r u i t par les boycotteurs. Dans d'autres villes, les
magasins subissent de véritables assauts. Ce que l'on entre–
prend, ce n'est pas le boycottage p u r et simple, le refus
d'embarquer et de d é b a r q u e r les marchandises sous pavillon
h e l l è n e et l'abstention des Ottomans de faire leurs emplettes
chez des He l l è n e s ; c'est le renvoi, la disparition de l'Hellène
et de tout ce q u i est h e l l é n i q u e de l'Empire ottoman.
Salonique, le
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juin 1910.
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La surexcitation de la popu–
lace musulmane, p r o v o q u é e par les violents discours que
p r o n o n c è r e n t dans les mo s q u é e s des hodjas fanatiques et de
soi-disant patriotes, devient i n q u i é t a n t e . On ne parle que de
massacrer les Grecs et de b r û l e r les consulats des quatre
puissances protectrices de la Crète, dont l'attitude est une
insulte à tout bon mu s u l ma n .
Le C om i t é central
Union et Progrès
reçoit de tous les
points de l'Empire des demandes de renseignements sur la
question Cretoise; de nombreux volontaires se disent p r ê t s
à marcher contre la G r è c e ; les Albanais de Monastir veulent
q u ' à tout prix on occupe la Thessalie.
Les femmes musulmanes ont voulu apporter aussi une
preuve de leur loyalisme. Elles avaient décidé d'organiser
u n meeting de protestation contre l'annexion de la Crète à
la Grèce. Les jeunes filles et les veuves devaient j u r e r de ne
pas accepter pour ma r i tout homme q u i , pour une raison
quelconque, n'a pas défendu cette indigne annexion les
armes à la ma i n . Le vali de Salonique fit remercier ces femmes
patriotes de leurs sentiments de solidarité, mais leur refusa
l'autorisation du meeting.
Fonds A.R.A.M