146
L A MORT DE STAMBOUL
guerre par le Comité de souscription nationale : on
menace Athènes d'une invasion en Thessalie, au cas
où des députés crétois seraient admis à siéger.
Cette admission étant, huit mois d'avance, inter–
dite par les puissances protectrices, le
Tanine,
le
journal du Comité, déclare que, seule, « la réoccu–
pation de l'île par les troupes ottomanes peut éviter
la guerre turco-grecque » (6 février) et la Porte
demande aux puissances que l'on remette la Crète
au rang de Samos, sous un prince ottoman de reli–
gion orthodoxe (10 février), juste au moment où les
droits de Samos sont violés par l'installation illégale
du prince-gouverneur.
En ce printemps de 1910, les Jeunes-Turcs ont
l'illusion qu'ils ont retrouvé les conditions balka–
niques et européennes qu i , au printemps de 1897,
permirent à Abd-ul-IIamid sa guerre de Thessalie
Sa facile victoire sur les Grecs l u i avait donné, à
lui, dix années de soumission ottomane et de crédit
panislamique, à une époque où l'on croyait son pou–
voir ruiné, son prestige anéanti ; car en mars 1897,
le régime hamidien semblait à bout : on annonç a i t
pour le débu t d'avril 1897 la révolution qui ne vint
qu'en juillet 1908; c'est la guerre de Thessalie qui
avait sauvé le Khalife...
En ce printemps de 1910, les Jeunes-Turcs sont
harassés par l'opposition de l'islam arabe et par les
rébellions de l'islam albanais. Leur armée fait cam–
pagne contre les bandes et les
koulas
(
châteaux forts)
de la Haute-Albanie. Les nationalités musulmanes
d'Asie proclament leur ambition de rejeter « la
tyrannie turque » et d'obtenir, pour leurs races et
pour leurs langues, la parité complète de droits dans
Fonds A.R.A.M