132
L A MORT DE STAMBOUL
L' « indignation panislamique » éclate dans tout
l'Empire ottoman :
meetings
antigrecs dans les villes;
agitation secrète en Anatolie et en Syrie, comme à
la veille des massacres arméniens ; « situation des
plus graves », gémissent les diplomates. A la Chambre
ottomane, la séance du 29 juillet, disent les Jeunes-
Turcs eux-mêmes, est un « meeting de protestation
contre la cession éventuelle de la Crète; le ton des
orateurs, l'unanimité de leurs protestations, l'atmo–
sphère de la salle, tout a contribué à donner l'impres–
sion d'une réunion publique, et non point d'une
assemblée législative ».
Tous les groupes de la Chambre ont chargé leurs
leaders de tenir le même langage ; tous ont affirmé
leur volonté de n'aliéner aucune parcelle du terri–
toire ottoman : ils parlent sous la menace de l'état
de siège qui n'épargne pas les députés même s ;
Arméniens, Israélites, Bulgares, Arabes et Syriens,
—
et les Grecs aussi, — tous ces fidèles sujets de la
Porte se disent animés de la même ardeur patrio–
tique et de la même résolution. Des centaines de
télégrammes arrivent de toutes les parties de l'Em–
pire : i l y a unanimité, en Turquie, sur la question
Cretoise. La Porte mobilise à la frontière thessa-
lienne. Elle envoie sa flotte à Karpathos, presque
dans les eaux de Crète. Elle fait tenir au gouver–
nement grec une note irritée (6 août) : elle y rap–
pelle les sentiments d'amitié manifestés par le pré–
cédent ministère grec ; elle invite le présent gouver–
nement à les « confirmer par une action prompte
pour annihiler les effets de sa politique antiturque »
des officiers grecs agissent dans les provinces d
l'Empire ottoman, préparent des désordres et trou
Fonds A.R.A.M