LA CRÈTE ET L E KHALIFAT
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De juillet 1909 à octobre 1910, ces deux courants
vont se disputer Athènes : le gouvernement tiendra
longtemps encore pour la seconde idée; mais l'opi–
nion penchera de plus en plus vers la première, et
la foule y viendra de j ou r en j ou r à mesure que
les
tracasseries turques arrêteront le cours des
affaires publiques et privées. Le 13 octobre 1910,
l'idée Cretoise l'emportera : le président de la Com–
mission executive Cretoise, M. Vénizélos, élu député
au parlement grec, «deviendra le premier ministre
du royaume. Alors, d'octobre 1910 à octobre 1912,
M. Vénizélos travaillera deux années à imposer l'idée
crétoise à ses collègues du parlement, au roi l u i -
même ; i l finira par les conduire les uns et les autres,
bon gré mal gr é , vers l'entente gréco-bulgare, —
mais à travers quelles souffrances et quelles angoisses
pour la Grèce et pour tout l'hellénisme!
De juillet 1909 à octobre 1910, les Jeunes-Turcs,
flatteurs de l'Islam, exaspèrent l'opinion, humilient
la fierté, abusent de la faiblesse, compromettent les
intérêts vitaux, l'existence même du royaume grec.
A trois ou quatre reprises, ils veulent rendre la Grèce
responsable des incartades et, tour à tour, de la
résignation des Cretois.
A la fin de juillet 1909, les derniers contingents
européens ayant évacué l'île, les Cretois arborent le
drapeau grec et parlent d'envoyer leurs députés à la
Chambre grecque, leurs procès en cassation devant
l'Aréopage.
Fonds A.R.A.M