130
L A MORT DE STAMBOUL
dont les offres furent d é n o n c é e s par StambouloC à la Porte,
et de Delyanni dont les efforts pour a r r i v e r à une entente
g r é c o - b u l g a r e en 1896-1897 ont été vains. Beaucoup de gens
sérieux à A t h è n e s p r é c o n i s e n t u n rapprochement avec
Sofia pour la raison suivante : si les Grecs et les Cretois
sont anxieux de voir se réaliser sans plus tarder l ' u n i o n de
l'île avec le royaume, c'est qu'ils savent que, cette u n i o n
ayant lieu plus tard, fût-ce dans quelques mois d'ici, l'érec–
tion de la Bulgarie en royaume sera oubliée et les Bulgares
demanderont des compensations; ne vaut-il pas mieux faire
dès a u j o u r d ' h u i la part du feu, sacrifier de bon g r é ce qu'on
risque de perdre quand mê.me et obtenir, de la Turquie prise
entre deux feux, des choses que les dissentiments des deux
États c h r é t i e n s l u i donnent la force de refuser, tant à l ' u n
q u ' à l'autre?
Plus les Grecs de Turquie sont persécutés
par les
Turcs,
plus l'idée d'une entente avec la Bulgarie,
Jul-ce au
prix
d'importants
sacrifices, se propage dans l'opinion
grecque.
Je dis « l'opinion », car le gouvernement ne renonce pas
à cette politique de sagesse et de confiance envers les puis–
sances, q u i agace une partie de la presse grecque. Les
«
sages » pensent que la Bulgarie, comme lors des affaires
de Crète de -1889 et 1896, continuera à jouer double j e u .
La défiance contre le Bulgare
é t a n t ,
depuis
trente
ans, le commencement de la «
s a g e s s e
»
athénienne,
les hommes d'Etat grecs repoussaient cette réconci–
liation balkanique,
dont
les Cretois voulaient
t i r e r
l e u r u n i o n
immédiate.
Deux courants d'idées se partageaient désormais
l'hellénisme :
l
'
idée nouvelle, que l'on
p e u t dire
«
Cretoise
»,
d'une entente contre le Turc
a v e c
les
autres chrétientés des Balkans, et la
v i e i l l e i d é e ,
p l u s
spécifiquement grecque, de l'entente ou de
la patience
a v e c le
Turc contre les ambitions des
Bulgares.
Fonds A.R.A.M