L A CRETE ET L E K H A L I F A T
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de l'hellénisme. Mais quel profit l'hellénisme pou–
vait-il retirer de cette attente indéfinie?... Plus on
laisserait le temps couler sur l'indépendance bul–
gare, et moins l'union gréco-crétoise pourrait en être
présentée aux amis et aux adversaires de l'hellé–
nisme comme la juste contrepartie; si l'union était
remise de quelques années, les Bulgares et leurs
patrons exigeraient une nouvelle compensation en
Macédoine... Après trente ans d'usage, on voyait
les fruits de la « sagesse » d'Athènes! En 1878,
quand les Bulgares obtenaient leur principauté,
xVthènes avait cru sage de ménage r le Turc et de
retarder l'union; plus sage encore, en 1885, quand
les Bulgares annexaient la Boumélie; toujours plus
sage, en 1908, quand ils obtenaient leur pleine indé–
pendance. Faudrait-il qu'ils occupassent Stamboul
et Salonique pour que la sagesse athénienne se
départît de cette décevante réserve?
En juin-juillet 1909, la Bulgarie ne cachait pas
«
son intention d'intervenir en Macédoine au cas où
l'affaire Cretoise dégénérerait en conflit turco-grec ».
Les prétentions panislamiques des Jeunes-Turcs
n'inquiétaient pas seulement les Cretois et les Grecs :
les Bulgares et le slavisme macédonien se sentaient
tout pareillement mena c é s ; déjà, certains journaux
bulgares invitaient tous les chrétiens des Balkans
«
à oublier leurs anciennes querelles et à joindre
leurs efforts contre le panislamisme renaissant ». Au
début de j u i l l e t 1909, le correspondant de l'
Agence
Havas
l u i écrivait d'Athènes :
Ces articles des j o u r n a u x bulgares ont été trad-uits par les
journaux grecs. Ils ont été favorablement c o mm e n t é s ,
m a l g r é le souvenir des tristes e x p é r i e n c e s de Tricoupis,
L A MORT D E S T A M B O U L .
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Fonds A.R.A.M