L A CRÈTE ET L E K H A L I F A T
12
b
augmen t é d'année en a n n é e
1
,
sauf les années de
mauvaise récolte. Mais rien n'avait été fait pour
doter l'île d'un outillage de ports, de rails et de
routes. Les petites cales d'autrefois s'envasaient;
elles ne pouvaient même plus servir aux voiliers :
«
Grâce au comblement des trois ports principaux,
no cessaient de répéter en leurs rapports annuels
les consuls anglais
2
, —
les vaisseaux de commerce
sont obligés de rester en rade et de décharger sur
chalands : l'amélioration des anciens ports et la
construction de nouveaux sont d'une impérieuse
nécessité, non seulement pour le commerce é t r an –
ger, mais surtout pour l'agriculture indigène, la mer
étant la route la plus économique pour le transport
des produits insulaires. »
L'île vivait de ses olivettes et de son vignoble, de
ses olivettes surtout qu'elle avait replantées depuis
la dernière guerre civile : les avances de la Banque
de Crète avaient permis de remplacer les dizaines
de milliers d'arbres coupés ou brûlés alors par les
musulmans chez les chrétiens, et réciproquement.
L'île, ne produisant pas le blé nécessaire à sa con–
sommation, demandait son pain à la Russie et à
l'Egypte : elle le payait en huiles et grignons
exportés, en fromages, en cuirs et en peaux. Sans
l'exportation, elle ne pouvait pas vivre, et sans routes
ni ports, elle ne pouvait pas exporter. Elle n'avait pas
un kilomètre de rail; elle avait quelques kilomètres
à peine de routes carrossables : « La richesse de
1.
Cf.
La Crète économique et politique
dans
L'Hellénisme
de
février 1909.
2.
Diplomatie and Consular Reports,
n
0
' 4603, 4138, 4056, 3828,
3705, 3494, 3282, 3097, 2932.
Fonds A.R.A.M