L A CRÈTE ET L E K H A L I F A T
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points de l'île; en outre, à la date du 27 juillet, les
puissances adresseront à la population Cretoise une
proclamation l'invitant à garder le calme ; des con-,
scils identiques seront adressés par voie diploma–
tique à la Turquie et à la Grèce ».
Les puissances ajournent donc l'examen du « ré–
gime définitif »; elles espèrent dans la vertu des
bons conseils, qu'elles donneront à Athènes et Stam–
boul, et « dans la sagesse des Cretois » pour main–
tenir, vaille que vaille, le
statu quo,
c'est-à-dire le
régime de fait qui existe en Crète depuis le 7 oc–
tobre 1908,
donc l'autonomie plénière, l'indé–
pendance de fait, sans plus môme la présence d'un
Haut-Commissaire (15 juin-15 juillet).
La sagesse eût évidemment conseillé aux Cretois
d'endurer cette nouvelle étape vers l'union : dans
tout l'Empire turc, une violente hostilité contre l'hel–
lénisme se faisait jour; des rixes dans les ports d'Asie
Mineure et de Thrace, à Aivali, Xanthi, etc., avaient
failli dégénérer en massacres ; le Patriarche signalait
les persécutions, dont son Église et ses ouailles
étaient victimes, au généralissime Mahmoud-Chev-
ket, qu i , tenant en main toutes les juridictions de
l'état de siège, gouvernait en fait Constantinople et
l'empire ; le retour de von der Goltz rendait à l'armée
turque son enthousiasme d'autrefois; la désorga–
nisation et le d é nûme n t de l'armée grecque étaient
proclamés par les officiers d'Athènes qui commen–
çaient do tenir leurs meetings de protestation : le
moindre incident exaspérerait cette armée et. contre
les politiciens incapables, contre la dynastie décon–
sidérée, amènerait le
pronunciamiento...
Mais les Crélois ne consultaient que leurs désirs.
Fonds A.R.A.M