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L A MORT DE STAMBOUL
demi-millier; ils ont conquis à Smyrne, à Stam–
boul, dans la plupart des villes côtières, une popula–
rité que leur méritent leurs souffrances pour la reli–
gion, leur intelligence et leur faconde, leur entente
de toutes les affaires. Ils sont l'état-major de cette
Ligue de la Patrie ottomane : dans toutes ses r éu - '
nions, c'est de la Crète que l'on parle ; on exige qu'un
«
régime définitif » remette la Crète sous le pacte
de Khalépa; on interpelle le gouvernement à la
Chambre « sur ce qu'il a fait pour défendre les droits
de l'empire; aucun Ottoman n'admettra la sépa–
ration de la Crète d'avec la Turquie » (19 j u i n
1909).
Il semble qu'un instant les quatre puissances pro–
tectrices hésitent, les unes tenant pour l'évacuation
immédiate, les autres proposant de temporiser. Aux
applaudissements de la Chambre ottomane, le mi–
nistre des Affaires étrangères, Rifaat-pacha, s'en–
gage à « recourir à la force, si les droits de la Tur–
quie étaient menacés
1
».
Néanmoins, la Porte espère
encore « en l'ouverture de pourparlers, au cours
desquels la question de l'autonomie Cretoise sera
discutée ». Mais Londres refuse les pourparlers :
depuis la chute de Kiamil-pacha, Londres est sans
tendresse pour la Jeune Turquie. Et Londres l'em–
porte dans les conciliabules des puissances : elles
décident que les contingents seront tous retirés à
la date du 27 j u i l l e t ; « quatre stationnaires veille–
ront au respect du drapeau turc et des couleurs
des puissances protectrices, que l'on continuera à
hisser chaque matin au mâ t de pavillon sur quatre
1.
Voir plus loin le rôle des puissances.
Fonds A.R.A.M