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L A MORT DE STAMBOUL
Dès lors, dans le parlement ottoman, la « rébel–
lion » des Cretois et la « perfidie » des Grecs de–
vinrent un thème commode aux réquisitoires des
orateurs. De janvier à février 190!), le Comité le fit
développer abondamment par ses porte-parole : i l
voulait, tout à la fois, renverser le grand-vizir Kia-
mil-pacha, que soutenaient les votes de
l'Union libé–
rale,
et se revancher sur l'hellénisme des concessions
que l'on ne refusait plus aux Bulgares, aux Russes,
aux Autrichiens.
Kiamil-pacha étant tombé (16 février), le Comité
installait son grand vizir Hilmi-pacha. Alors les
Grecs du parlement et de l'empire, n'attendant plus
ni bénéfices ni môme équité de ce régime, ami des
Bulgares, commençaient de regretter tout haut les
jours hamidiens... Aussi quand la conclusion des
accords austro-turc et turco-bulgare avait amené
la réaction du Treize Avril, quand une poignée de
soldats en révolte et de
hodjas
avait jeté bas minis–
tère, parlement, Constitution, et semblé rétablir
Abd-ul-Hamid en son absolutisme d'autrefois, tous
les Grecs de Turquie s'étaient ouvertement réjouis
et ils avaient continué de faire cause commune avec
l'Union libérale
qui excusait le coup de force et
comptait en profiter pour ressaisir le gouvernement.
tranquillité que vous avez observés aujourd'hui ; si vous continuez
ainsi, dans quinze ans la Turquie pourra devenir une grande
puissance comme le Japon ou l'Angleterre. » Aziz bey annonça la
réception à la Porle d'un télégramme des musulmans de Crète
disant qu'ils ne veulent pas l'annexion. Un garçon de quatorze
ans, debout dans une voiture, interpella, demandant encore si la
Turquie renoncera à la Crète. Aziz bey répondit en donnant de
nouvelles assurances que la foule accueillit par des hourras fré–
nétiques.
Fonds A.R.A.M