L A C R È T E ET L E K H A L I E A T
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massacres d'Anatolie, nous a s s i s t âme s aux plus touchantes
et, — nous en sommes convaincus, — aux plus sincères
manifestations de fraternité. On vit muftis musulmans,
métropolites grecs, popes bulgares, p r ê t r e s a r m é n i e n s et
rabbins israélites é c h a n g e r le baiser de paix. Les peuples
suivaient leurs pasteurs et se confondaient en de joyeux cor–
tèges, acclamant ensemble la Constitution.
I l faut remonter aux fédérations françaises de 1790 pour
trouver l ' é q u i v a l e n t d'un pareil essor vers la concorde par
la liberté. Plaignons ceux q u i n'auraient pas senti la b e a u t é
de cette heure.
L'hellénisme du dedans et du dehors, outre le
soulagement que l u i procurait la disparition du
régime hamidien, s'était réjoui que l'on mît fin aux
réformes de l à Macédoine : i l pensait que les paysans
slaves en tiraient plus de profit que les citadins
grecs; l'effet le plus visible en avait été une vigou–
reuse poussée de l'élément bulgare dans les plaines
côtières, jusqu'aux rivages de l'Archipel, j u s qu ' à
Salonique même . L'hellénisme, en outre, escomp–
tait son propre bénéfice de la médiocrité numé r i que
et intellectuelle des Jeunes-Turcs. Les sachant pau–
vres d'hommes et d'expérience, i l avait pensé qu'ils
devraient faire un appel et une grande place à
l'habileté de leurs sujets grecs, tout comme la
Turquie d'autrefois au savoir-faire de ses Phana-
riotes; déjà les gens du nouveau Phanar s'étaient
vus les heureux titulaires des ministères, du Sénat,
du conseil d'État, des hautes charges civiles, des
ambassades
1.
Cf.
L'Hellénisme
de janvier 1909, p. 7 : « Les Grecs et les
Turcs libéraux doivent s entendre et concourir. Au détriment ou
à l'exclusion des autres populations de l'Empire? Non pas. Mais,
les Turcs libéraux et les Grecs formant, à tous égards, les deux
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