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L A MORT DE STAMBOUL
contre l'Europe. Ils voulaient s'y préparer à loisir et
ne les affronter qu ' à l'heure choisie par eux. Ils ne
voulaient pas que la question crétoise les remît dans
la même impasse, où les avaient jetés l'indépen–
dance bulgare et l'annexion bosniaque. Par la faute
de la diplomatie occidentale, l'opération de Crète
n'avait pas été faite «à froid ». Ils n'entendaient pas
que, maintenant, on se mît à la faire « à chaud » sur
leur Turquie à peine relevée de la grande secousse
d'Avril...
Et parmi leurs raisons d'agir, ils omettaient de
donner la moins avouable peut-être, mais non la
moins décisive : leur haine des Grecs.
Leur révolution de j u i l l e t 1908 avait été accueillie
par tous leurs sujets chrétiens, par leurs Grecs
surtout, avec enthousiasme, — comme toutes les
nouveautés par les Grecs de tous les temps :
La révolution jeune-turque, si l é g i t i me , s'est i mp o s é e au
respect et à la sympathie du monde, s'écriait la revue
L'Hel–
lénisme
en son n u m é r o du 1
e r
j a n v i e r 1909. Nous avons
a d m i r é cette r é v o l u t i o n à cause du noble caractère des
hommes q u i l'ont p r é p a r é e et faite, à cause de l'élévation
des pensées et de la g é n é r o s i t é des sentiments q u i l'ont ins–
pirée, d u courage, du d é s i n t é r e s s e m e n t , de la m é t h o d e et de
la décision q u i ont a s s u r é les premiers s u c c è s , de la sagesse
et de la m o d é r a t i o n q u i ont m a r q u é la victoire et résisté à
des é p r e u v e s bien faites pour d é c h a î n e r les colères et pro–
voquer d ' i r r é p a r a b l e s imprudences.
Ce fut aussi avec une émo t i o n de qualité rare qu'au len–
demain des tueries de Macédoine et au surlendemain des
Fonds A.R.A.M