LÀ C R È T E ET L E K H A L I F A T
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rieures avaient produit de grand » dans le domaine
de la pensée, i l suffisait que, soucieuse de se gagner
les gens de religion, la réforme sût user de patience :
Toute r é f o r me q u i contribue à la rupture de la c o n t i n u i t é
humaine, toute r é f o r me q u i n'est que ma t é r i e l l e et n'influe
pas sur le sentiment, n'est pas du p r o g r è s , mais une spolia–
tion, une d é c h é a n c e qui se traduisent par un abaissement
g é n é r a l de la mo r a l i t é .
La Turquie est a r r i é r é e d'un demi-siècle par rapport à cer–
tains pays civilisés; cela n'est pas douteux. Mais ce n'est pas
une raison pour l'obliger à faire u n bond dans l'inconnu et
b r û l e r les étapes, suivant la t h è s e r é v o l u t i o n n a i r e des
sophistes. Qu'est-ce donc q u ' u n demi-siècle dans l'histoire
du p r o g r è s h uma i n ?
Bref, ayant l u les articles où tel de nos publi-
cistes néo-chrétiens vantait « l'Utilisation du Posi–
tivisme » pour la restauration des forces sociales et
conservatrices en notre pays, le positiviste Ahmed-
Riza rêvait d'une pareille utilisation de l'Islam pour
la restauration des forces ottomanes :
Une force de cette importance, disait-il. m é r i t e d'être
connue en tous ses é l é m e n t s et
utilisée
en l'adaptant aux
nécessités modernes, au profit et au bien de tous. Le g é n i e
d'une législation éclairée et habile pourrait, à l'aide de cette
force, accomplir des prodiges, surtout lorsque l'objet en
est l'amélioration du sort d'un peuple, dont la majorité est
encore oourbée sous le j o u g de p r é j u g é s religieux beaucoup
plus que sous le j o u g despotique du Sultan.
Le dessein des Jeunes-Turcs était donc, non de
heurter de front les « préjugés religieux » de l'Islam,
mais de le ménage r et de le gagner peu à peu à leur
entreprise nationale :
Fonds A.R.A.M