L A CRÈTE ET L E K H A L I F A T
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d é v e l o p p eme n t moral, qui est le but, la vraie félicité h u –
maine : « I l n'y a pas d'amélioration intellectuelle, — dit
Auguste Comte en sa
Philosophie positiviste
(
t. I , p. 108). —
qui p û t équivaloir à u n accroissement réel de b o n t é ou de
courage
1
. »
«
L'islamisme, disait encore Ahmed-Riza, c'est
l'ensemble des vertus et des vérités enseignées par
tous les apôtres du passé.... La religion, pour les
musulmans, ne signifie pas seulement lien spécu–
latif, règle de prière : elle signifie aussi obligation
sociale; la propriété, la famille, le gouvernement,
la morale, tout ce qui touche à la vie collective fait
partie de la religion; tout musulman qui manque–
rait à ses obligations envers la collectivité et, sur–
tout, négligerait d'assister ses coreligionnaires,
pécherait contre la religion... Plus des deux tiers de
la population de la Turquie sont encore musulmans,
et de musulmans sincèrement croyants et prati–
quants; dans l'Empire turc, la religion est un élé–
ment capital de la société et elle influe encore énor–
mément sur les destinées du peuple. » I l ajoutait :
L'autorité sacerdotale du Khalife sur les musulmans du
monde entier est encore très grande : le Khalifat est le point
d'appui, le point d'attache des musulmans. Le pouvoir tem–
porel ne peut s'étendre au delà de cette vie terrestre ; i l ne
peut se d é t a c h e r de ce monde; comment pourrait-il, à l u i
seul, suffire à u n peuple qui continue d'être si peu a t t a c h é à
ce monde?... La concentration [du Sultanat et du Khalifat]
a été n é c e s s a i r e jadis pour l ' œ u v r e de c o n q u ê t e ; elle l'est
aujourd'hui pour notre défense. En ce temps de crise sur–
tout, une c omp l è t e u n i t é de vues a son importance capitale :
ce serait donc u n crime que de rompre cette u n i t é gouver-
1.
La Crise de l'Orient,
p. 5.
Fonds A.R.A.M