L A CRÈTE ET L E K H A L I F A T
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révolution de j u i l l e t contre ce qui restait de plus
islamique dans le régime hamidien, contre l'absolu–
tisme théocratique, contre le pouvoir qu'avait tou–
jours eu le Khalife de disposer des biens et de la vie
de ses sujets, de dépenser les forces et les revenus
de l'État pour le salut de sa personne et la gloire du
Prophète. Dans cet empire musulman, les Jeunes-
Turcs proclamaient les droits égaux de tous les indi–
vidus, sans distinction de Croyants et d'Infidèles.
Dans cet héritage d'Allah, où la parole de Dieu
devrait imposer ses commandements rigides et
indiscutables, ils voulaient introduire le contrôle
de la libre discussion, implanter les deux idées
nationale et libérale, que la France révolutionnaire
semait par tout l'Occident, auxquelles l'Italie et
l'Allemagne avaient dû leur unité et qui, de proche
en proche, commençant à s'infiltrer dans les empires
militaires du Russe et de l'Autrichien, devenaient la
règle de la chrétienté tout entière. Ce n'était plus
seulement quelques recettes de guerre, d'adminis–
tration et de finances, c'était les principes mêmes,
le système politique des chrétiens que la Turquie,
pensaient les Jeunes-Turcs —, devait emprunter
aujourd'hui : le Turc continuait de chercher le salut
de son empire dans les leçons de l'Infidèle.
É t r ange association d'un empire militaire et d'une
théocratie! éternel malentendu, impossible et pour–
tant nécessaire conciliation entre le Sultanat et le
Khalifal! Le Khalifat, la papauté musulmane, ne
L A MOHT D E S T A M B O U L .
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Fonds A.R.A.M