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LA MORT DE STAMBOUL
seuls Croyants, fut construit par un ingénieur alle–
mand et un administrateur français; même la gar–
nison d'Yildiz-Kiosque, qu i , veillant sur ses jours,
conduisait le Khalife à la liturgie du jour sacré,
même la garde arabe défila au pas de parade prus–
sien
Caporalisme allemand et finance française furent
les deux serviteurs de ce régime hamidien, auquel
la guerre de Thessalie et les massacres arméniens
donnèrent un si beau dehors de piété musulmane. Ce
beau dehors lui-même était l'ouvrage de la chré–
tienté : sans le caporalisme et sans la stratégie de
von der Goltz, jamais l'armée du Khalife n'eût
connu les victoires thessaliennes ; sans la finance
complice, jamais les massacres ne fussent restés
impunis..., et se fussent-ils exécutés sans les avis de
telle diplomatie chrétienne?...
En juillet 1908, le régime hamidien succombait
parce qu'au bout de ses emprunts à la chrétienté,
apparaissait pour la troisième fois la cruelle
échéance : comme la première réforme militaire des
Sélim I I I et des Mahmoud I I , comme la seconde
réforme administrative des Abd-ul-Medjid et des
Abd-ul-Aziz, c'est à un d émemb r eme n t qu'aboutis–
sait en 1908 la troisième réforme militaire et écono–
mique d'Abd-ul-Hamid.
Un Croyant en aurait conclu que décidément
toutes ces recettes chrétiennes étaient un poison
pour l'empire khalifal et qu'il n'était de salut pour
l'Islam que dans une vie recluse des tentations euro–
péennes, dans une clôture abritée des vaines expé–
riences rationnelles. Un raisonnement inverse ame–
nait les Jeunes-Turcs au pouvoir : ils faisaient leur
Fonds A.R.A.M