INTRODUCTION
IX
devrait dresser en révolte les c a r a c t è r e s les plus irré–
solus? Et ce souci de la France, est-ce vers le Maroc,
-
vers l'anarchique Maroc dont notre France africaine
n'a q u ' à se plaindre, mais dont pourtant elle a trouvé
moyen de s'accommoder voici plus de soixante ans et
dont elle se serait a c c ommo d é e quelques a n n é e s encore,
est-ce vers le Maroc qu'en 1908-1909 le souci national
devait tourner notre attention et nos efforts?
Depuis la révolution turque, l'équilibre mé d i t e r r a n é e n
est en risque...
Que le Turc s'en aille d'Europe, et toute la vie de
notre France est c h a n g é e ; car la même guerre d é s a s –
treuse et la même paix a rmé e , que nous valut sur le
continent la disparition de l'Autriche dans les affaires
allemandes, c'est en Méditerranée que nous les vau–
drait la disparition de la Turquie dans les affaires bal–
kaniques.
La guerre, nous n'en voulons plus; nous l'éviterons à
tout prix, même au prix de l'honneur : c'est entendu.
Mais i l arrive que l'on se batte contre son g r é , par la
seule volonté du voisin ou de l'adversaire, sans compter
que, dans les pays les plus dociles et,les plus assoiffés
de repos, i l est des sursauts du sentiment national q u i
ne laissent au r é g i me que le choix entre la chute ou la
témérité... Et la paix a r mé e , même en r e n o n ç a n t à
notre i n d é p e n d a n c e , même en nous réfugiant dans le
servage de quelque protecteur continental ou maritime,
i l ne faut pas croire que nous l'éviterions longtemps :
de nos jours, le servage diplomatique a pour c o n s é –
quence une exploitation é c o n om i q u e qu i , t ô t ou tard,
force les intérêts à revendiquer l ' i n d é p e n d a n c e ; les
même s syndicats de capitalistes et de travailleurs, qu i
aujourd'hui « ne bêlent que la paix » ou ne chantent
que
YInternationale,
seraient les ' premiers à r é c l ame r
demain un armement forcené, tant pour se donner le
gagne-pain des commandes nationales que pour résister,
Fonds A.R.A.M