L A CRÈTE ET L E K H A L I F A T
8
B
furent portés au comble quand on vit le plus puis–
sant empereur de la chrétienté venir à Stamboul
rendre hommage à l'empereur des Croyants, quand
on entendit à Damas Guillaume I I demander l'amitié
des trois cents millions de Fidèles (1898).
Dix années durant (1897-1907), malgré le déboire
de l'autonomie Cretoise, ces espoirs se maintinrent.
Ils étaient entretenus par les émissaires d'Abd-ul-
Hamid, qui, d'un bout à l'autre de l'Islam, du Séné–
gal en Chine, chantaient la puissance et la gloire du
Khalife victorieux, du
Ghazi.
Ils étaient confirmés
par l'entreprise et le succès de ce chemin de fer sacré
de Médine et la Mecque qui, rapprochant tout l'Islam
des Lieux Saints, le grouperait un jour en un convoi
triomphal vers le Tombeau du Prophète et la Maison
d'Allah... La désillusion ne fut que plus amère et la
colère plus véhémente quand, au débu t de 1908,
apparurent les résultats de cette politique hami-
diennc.
Au printemps de 1908, la Crète, que la fiction de
l'autonomie rattachait encore au Khalifat, allait
passer aux mains des Grecs : les puissances, qui
l'avaient reçue en charge, commençaient de retirer
leurs troupes dontla seule présence retardait l'union.
A l'exemple des Cretois, les gens de Samos récla–
maient une autonomie complète qui, d'extension en
extension, aboutirait à la même indépendance et à
la même union. Derrière Samos, les Sept Iles de la
côte asiatique rappelaient de quels privilèges le
grand Soliman avait payé les services de leurs
marins contre la Rhodes des Chevaliers. Sur tout le
front maritime de l'Anatolie, l'hellénisme, qui sen–
tait la brutale poussée des Slaves étouffer en Tur-
Fonds A.R.A.M