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A TURQUIE ET LE TANZIMAT.
sévérante sollicitude du cabinet de Paris pour les droits de
l'église catholique aux lieux saints (1).
Le zèle intempestif delà chancellerie de Vienne se ma–
nifesta bientôt ailleurs qu'en Syrie ; enmaintes localités asia–
tiques et européennes l'on vit les consuls I. et R. revendi–
quer les honneurs religieux réservés d'ancienne date aux
représentants français.
Mais n'était-ce pas plutôt à l'Italie que revenait la
clientèle catholique de « l'État déchu » ? Celle du Saint-
Siège du moins lui appartenait de droit, puisque les pro–
vinces romaines venaient d'être incorporées au nouveau
royaume péninsulaire. Ce fut l'argument qu'invoquèrent
les consuls italiens dans plusieurs résidences de Turquie
pour réclamer, dès les premiers mois de l'année 1871, la
remise de tous les documents concernant les sujets pontifi–
caux. Or à cette époque l'annexion des États de l'église
n'avait été sanctionnée par aucun acte international et
d'ailleurs, ce n'était point à titre officiel que la France pro–
tégeait les Romains, mais en vertu du même usage séculaire
qui lui attribuait la tutelle des Suisses et celle des sujets
catholiques de certaines républiques américaines.
Cependant l'Italie ne pouvait se contenter de Rome et
de son héritage oriental ; il lui fallait Carthage et ses dé–
pendances naturelles. Ruiner l'influence française à Tunis,
y substituer la sienne, tel fut dès lors l'objectif prochain du
cabinet de Florence. Il tenta par des empiétements graduels
la conquête pacifique du pays africain. Tous les sujets
tunisiens employés à un titre quelconque sur les territoires
agricoles concédés à des compagnies italiennes durent,
(1)
Affaire du couvent de
VEcce Homo,
1870.
Fonds A.R.A.M