LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
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Sir H. Buhver, lorsque ses opinions furent connues,
se vit en butte aux récriminations passionnées des mission–
naires. « On nous accuse d'imprudences, fut-il écrit à lord
J. Russel et l'on qualifie notre dévouement de zèle mal
entendu. Nous en sommes révoltés. Que devient la liberté
sacrée de conscience (the sacred freedom of conscience)?
Elle est impunément violée dans un pays où les remon–
trances indignées de la nation anglaise seraient certaine–
ment entendues et respectées.. Les réserves de l'ambassa–
deur sont déraisonnables, dangereuses et subversives de
toute liberté religieuse en Turquie (1). »
Cependant malgré ces objurgations le
Foreign-Office
donnait pour direction au successeur intérimaire de sir
H. Buhver « d'induire les missionnaires à ne pas
outrager
les coutumes et les sentiments du peuple dont ils étaient
les hôtes et à éviter tout ce qui pourrait porter atteinte à la
paix publique (2). »
Au milieu de cette polémique que les clergymen l'accu–
saient si injustement d'avoir provoquée, le gouvernement
turc gardait le calme que donne la conscience du bon droit.
Il eut aussi son mot à dire et l'occasion était trop belle
pour qu'il s'en abstint. Écoutons Ali-pacha dans les in-
j'ai rapportée, il dit avec violence à Fuad-pacha : Ne me parlez pas
de votre religion et de votre calife; tout cela n'est qu'absurdité.
Quand un pays a besoin des autres, quand on dépense pour lui son
sang, on a le droit d'obtenir ce que je demande au nom de la chré–
tienté et de l'Europe. « Si c'est la mort de la Turquie que l'on exige, »
répliqua Fuad-pacha et il ne put terminer que par un geste de dou–
leur-
Ci) Mémoire de l a Société biblique du 4 août 1869. V. n° 49 du
Blue Book
déjà cité.
(2)
Lord
i.
Russel à M, Stuart le 15 décembre 1869,
Fonds A.R.A.M