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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
«
Qu'ils prient Dieu chez eux ou devant leurs autels,
eEtendait
-
on murmurer dans les quartiers de Stamboul !
qu'ils ouvrent des écoles et les dirigent à leur guise !
mais s'ils viennent déclarer la guerre à notre foi dans notre
propre pays, s'ils cherchent à gagner parmi nous des par–
tisans pour une telle guerre, ils abusent audacieusement
de l'hospitalité qu'ils trouvent à l'abri de nos lois et ils
agissent sous le masque de l'amitié comme nos plus mé–
chants ennemis. Gela
n
'
est pas juste et Allah nous mau–
dirait si nous subissions sans protester un tel outrage (1). »
En rendant compte de J'effervescence que dénotaient ces
propos, l'ambassadeur britannique disait en propres termes
à lord J. Russel : « Votre Seigneurie n'ignore pas que la
distribution de la Bible se pratique librement en Turquie
et que même il est permis de l'y imprimer. Des individus
de toute race,
voire même des Turcs,
se font protestants sans
être inquiétés. Depuis un an ou deux, des convertis turcs
officient même en langue turque deux fois tous les diman–
ches dans une école anglaise transformée en chapelle. En
réalité je ne puis que rendre hommage à l'esprit de tolé–
rance que témoigne la religion dominante vis-à-vis des
protestants, tolérance
qu'il est rare de rencontrer même
dans les Etals chrétiens...
mais il m'est impossible de
prendre la défense de ceux qui prêchent dans les lieux
accessibles à tous, tels qu'auberges et cafés et qui en jetant
le trouble dans le public, entravent, plutôt qu'ils ne favo–
risent, les progrès du christianisme dans le pays (2).
(1)
Dépêche de Sir H. Bulwer du 27 juillet 1864.
(2)
Lord Stattford de Redcliffe, dont les missionnaires opposaient
'
l'exemple à son successeur, n'aurait sans doute pas tenu un pareil
langage. En janvier 1856, lors de la discussion sur les renégats que
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