LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
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la Grande-Bretagne et des États-Unis redoublèrent d'efforts
et mirent à l'épreuve la sollicitude toujours inquiète du
pouvoir musulman. En 1864, un incident se produisit qui
porta le trouble au sein des nombreuses sociétés évangé-
liques représentées dans les États ottomans. Cinq musul–
mans
dont un ancien Imam,
convertis au protestantisme,
se livraient à des prédications dans les
khans
ou auberges
de Constantinople et attaquaient sans ménagements la reli–
gion mahométane. La vie de ces fanatiques avait été plus
d'une fois en danger et une explosion populaire menaçait
la capitale (1).
Le gouvernement turc fit mettre sous clef les renégats
provocateurs, ordonna la fermeture des salles d'auberges
qui servaient aux lectures et aux leçons publiques des
missionnaires anglicans et dans sa hâte à calmer les esprits,
la police locale apposa les scelés sur des boutiques où se
vendaient la Bible et autres ouvrages de piété.
Cette dernière mesure pouvait prêter à la critique comme
une atteinte à l'inviolabilité du domicile de sujets anglais
et elle fut bientôt rapportée; mais elle trouvait son excuse
dans le fait avéré que les zélateurs du protestantisme « met–
taient gratuitement la Bible dans la main des musulmans,
la répandaient avec ostentation dans les rues, sur les ba–
teaux à vapeur (2) » et que parmi les livres qu'ils prodi–
guaient ainsi autour d'eux, il y en avait d'offensants pour
les sectateurs de l'Islam (3).
(1)
Correspondance relative aux missionnaires protestants.
Bine
Book,
1865 ;
dépêche de Sir H. Bulwer du 7 septembre 1864.
(2)
Dépêches de Sir H. Bulwer des 18, 27 juillet et 2 août 1867.
(3)
Lettre du même du 4 août 1864 à la Société évangélique de
Londres.
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Fonds A.R.A.M