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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
gares secouaient leur joug, soutenus dans cette œuvre de
délivrance par les Turcs et moralement appuyés par toutes
les populations chrétiennes de l'empire.
Pour achever ce tableau des divisions nées au sein de
l'église grecque, je dois ajouter qu'indépendamment du
schisme bulgare, le patriarche œcuménique eut à se défen–
dre, comme les chefs des autres communautés chrétiennes,
contre l'opposition de plus en plus violente de l'élément laï–
que auquel le
Tanzimât
avait fait une large part dans l'ad–
ministration des affaires temporelles. Là aussi se formèrent
deux camps, celui des autoritaires et celui des libéraux qui
eurent chacun leurs organes dans la presse quotidienne et
dont l'antagonisme nécessita plus d'une fois l'intervention
répressive du gouvernement impérial (1).
En terminant l'étude très sommaire que j'ai consacrée
dans mon premier livre aux origines de la
nation
protes–
tante en Turquie (2), j'ai cru pouvoir anticiper sur les
événements en exprimant l'opinion que le prosélytisme
anglo-américain n'avait pas donné tout ce qu'il promettait
à ses débuts et j'ajoutais que la Porte avait eu néanmoins
à réagir en plus d'une circonstance contre une propagande
qu'elle jugeait agressive et compromettante pour la tran–
quillité publique.
Ce fut surtout à partir de l'année 1860 et sous le cou–
vert du
Halli-Humayoun
que les missions bibliques de
(1)
En 1882, le directeur du
Neologos,
journal des libéraux, fut
victime d'une tentative d'assassinat.
(2)
I, 60.
Fonds A.R.A.M