LA TURQUE ET LE TANZIMAT.
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lui. L'exarchat sera géré d'après un règlement conforme
aux canons fondamentaux de l'église orthodoxe et qui sera
conçu de façon à empêcher l'intervention du patriarchat
œcuménique dans les affaires des moines, dans les élections
des évoques et de l'exarque. Le patriarche de Constantino-
ple délivrera à l'exarque bulgare les lettres de confirmation
exigées par le rite orthodoxe. La liturgie bulgare respec–
tera les canons et mentionnera le nom du patriarche. »
Saisi officiellement de l'acte souverain qui lui enlevait
cinq millions de fidèles, le patriarche Grégoire le déclara
anti-canonique et attentoire aux privilèges et aux immu–
nités du siège œcuménique. Il insista de nouveau sur la né–
cessité de convoquer un concile, seule autorité compétente
pour émetre une décision obligatoire pour les deux partis.
Le grand-vizir Ali-pacha répliqua par une lettre dans la–
quelle, justifiant la conduite de son gouvernement, il jugeait
inutile de soumettre le cas à de nouvelles délibérations (1).
Le patriarche ne fut d'ailleurs appuyé par personne dans
sa résistance et il ne lui vint d'aucune part ces témoignages
de sympathie que provoque toute grande épreuve, si méri–
tée qu'elle soit. L'on put se convaincre dans cette circon–
stance du dissentiment profond qui, en ce qui concerne
l'hellénisme, sépare l'opinion de l'Orient de l'opinion en–
core tenace de l'Occident. En 1821, les Moldo-Valaques
chassaient les Phanariotes et leur clergé. En 1870, les Bul-
(1)
Le iirman du 11 mars 1870 pouvant être considéré comme le
prélude de l'autonomie politique des Bulgares réalisée huit ans après,
il y a intérêt à consulter les documents qui se rattachent à cette
phase de la question religieuse soulevée dès 1867. Je crois donc
devoir noter que la lettre responsive d'Ali-pacha au patriarche grec
porte la date du 28 mars 1870 et qu'elle a paru peu après dans le
journal la
Turquie.
Fonds A.R.A.M