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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
pour mettrefinà une agitation inquiétante par elle-même,
et qui, à ses yeux, faisait le compte de la diplomatie russe,
le gouvernement turc se décida, faute de mieux, à tran–
cher le débat par un firman. 11 institua en exarchat bulgare
en dehors du patriarchat œcuménique, rétablissant ainsi
dans le groupe le plus important des chrétiens de l'empire
les traditions anciennes et toujours vivantes de l'église
d'Orient.
C'était une grave résolution. L'on pouvait bien se dire
qu'elle favorisait plutôt le slavisme ottoman que le pansla–
visme russe, distinction rassurante, si l'on considérait, par
exemple, la Servie dont la politique slave était devenue
une politique anti-russe. Le panslavisme était sans doute
un danger par l'action dissolvante qu'il exerçait à de cer–
tains moments; mais au fond, n'était-il pas une théorie
plus ambitieuse que pratique et ne devait-on pas prévoir, à
en juger par les faits, que l'autonomie des slaves des Bal–
kans déjouerait plus tard, bien loin de servir les spécula–
tions panslavistes? Telle a toujours été, si je puis le dire,
ma conviction personnelle et j'estime que les événements
contemporains ne la démentent pas.
Quoi qu'il en soit, pour la Porte, il n'y avait pas à se dis–
simuler en 1870 que le slavisme oriental, tout en la préser–
vant d'un côté, l'exposait de l'autre, c'est-à-dire qu'il était
et devait rester son ennemi.
Le firman daté du 11 mars 1870, portait : « Une juri–
diction spéciale formée sous le titre
d'eœarchat
et compre–
nant les diocèses métropolitains et les évêchés, sera chargée
de l'administration de toutes les affaires spirituelles de la
communauté bulgare. L'exarque aura la présidence cano–
nique du synode bulgare réuni à titre permanent auprès de
Fonds A.R.A.M