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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
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d'un concile, sans doute pour échapper à l'alternative ou
de condamner l'attitude de la Russie ou de rester isolé dans
l'assemblée œcuménique. Dans ces circonstances, les Bul–
gares auxquels les agents russes conseillaient d'ailleurs la
modération, comprirent qu'ils devaient se relâcher quel–
que peu de leurs exigences et l'on crut un moment que la
paix serait conclue sur les bases suivantes : le patriarche
resterait chef religieux suprême de tous les orthodoxes de
la Turquie d'Europe, quelle que fut leur nationalité et les
Bulgares auraient des évoques de leur langue et de leur
race.
Ce projet, quoique très simple en apparence, soulevait
plus d'une difficulté pratique. Car comment déterminer
l'étendue du territoire auquel il s'appliquerait ? Si l'on
prenait pour base de délimitation l'importance numérique
des deux "populations intéressées, on serait conduit à
slavi-
ser,
non pas seulement le haut clergé de la Bulgarie pro -
prement dite, mais encore celui de la Macédoine et de la
Thrace où les Bulgares sont partout en énorme majorité.
Que serait-il resté à l'épiscopat grec lorsque, le dénombre–
ment fait, l'on aurait constaté, qu'à part la Thessalie et
l'Épire, la presqu'île des Balkans ne contient guère plus de
500.000
Grecs, y compris les 200.000 qui habitent Cons–
tantinople?
La question restait obscure. Les Bulgares eux-mêmes
songeaient non sans méfiance aux suites d'une séparation
qui serait l'œuvre de la Russie. Ils déclaraient que l'ensei–
gnement russe serait écarté et qu'ils fonderaient pour le re–
crutement de leur clergé des séminaires dont les prêtres se–
raient empruntés à la Servie et aux pays slaves de l'Autriche.
Enfin au commencement de l'année 1870, et sans doute
Fonds A.R.A.M