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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
fiter de cette émotion passagère pour élever leurs préten–
tions et refuser des concessions qu'ils auraient acceptées
quelques mois plus tôt. Us rédigèrent deux nouveaux pro–
jets de transaction que le gouvernement turc mit sous les
yeux du patriarche en l'invitant à se prononcer pour celui
que le synode n'aurait point rejeté. Le patriarche répon–
dit que les deux alternatives posées étaient également an–
ticanoniques, qu'un concile général était seul apte à en
connaître, que quant à lui, il avait été jusqu'à la limite de
ses droits.
L'idée d'un concile général fut agréée par les églises
de Grèce, de Roumanie et de Servie. L'église russe, moins
indépendante du pouvoir politique, chercha tout d'abord à
éviter de prendre parti tout en laissant deviner ses sym–
pathies pour les slaves ottomans. Cette réserve apparente,
cette complicité secrète ne firent qu'augmenter les inquié–
tudes de la Porte qui ne s'était jamais complètement aveu–
glée sur les conséquences d'une organisation ecclésiastique
plus ou moins autonome propre à donner à la nation bul–
gare, jusqu'alors sans direction et l'on peut dire sans tète,
des chefs religieux qui deviendraient bientôt des chefs
civils et plus tard des chefs d'insurrection. Par le main–
tien du lien hiérarchique entre
(
le patriarchat et les futurs
évoques bulgares, lien qui ne pouvait plus, il est vrai,
reposer sur une intimité étroite, on réussirait peut-être à
conjurer en partie un péril imminent. Les ministres du
Sultan firent ces réflexions et ne doutèrent plus des graves
inconvénients de la solution libérale qu'ils avaient failli
adopter.
Cependant le synode russe ne pouvait rester muet. Son
vote acheva de dessiller les yeux. Il rejeta la proposition
Fonds A.R.A.M