LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
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nent entre le clergé bulgare et le patriarchat, qu'il serait
créé dans la capitale un conseil bulgare formé par moitié
de prêtres et de laïques et auquel serait confiée la gestion
des intérêts bulgares sous la présidence d'un fonctionnaire
ottoman, enfin qu'un membre laïque de ce conseil serait
reconnu comme chef civil de la nation dans ses relations
avec l'autorité territoriale.
La Porte, sans approuver toutes ces conditions, désirait
vivement une entente ; elle institua en janvier 1863 une
commission grseco-bulgare pour l'examen de la charte pré–
sentée par les dissidents. L'accord toutefois ne put s'éta–
blir et pendant plusieurs années» ce ne furent que récrimi–
nations réciproques, les Grecs se montrant les plus véhé–
ments et confondant dans leur haine contre les Bulgares
les Busses qu'ils accusaient d'avoir déserté la cause du
patriarchat, c'est-à-dire celle de l'église orthodoxe
d'Orient.
Dans l'intervalle le gouvernement turc cherchait sa voie
comme le navigateur privé de boussole sur une mer semée
d'écueils. Ne fallait-il pas en effet choisir entre deux maux,
le mécontentement du patriarchat frappé d'un amoindrisse–
ment considérable, la désaffection bulgare qui, exploitée
par les ennemis du dehors, pourrait créer à l'autorité mu–
sulmane de sérieux embarras ?
Au milieu de leurs incertitudes, les ministres du Sultan
avaient semblé vouloir tout concéder aux Bulgares à l'épo–
que de l'insurrection crétoise qui faisait voir partout des
agents grecs, des prêtres grecs et des souscripteurs grecs.
L'influence hellénique sacerdotale ou politique leur appa–
raissait alors comme la plus dangereuse de celles que l'em–
pire ottoman eût à redouter. Les Bulgares avaient su pro-
Fonds A.R.A.M