I.A TURQUIE ET LU TANZIMAT.
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des moyens d'action, l'un tendant à la formation d'une
église schismatique distincte de l'église grecque, l'autre
visant l'union avec le Saint-Siège de Rome
Momentanément arrêtés dans leurs progrès, à la suite de
la défection de leur chef en 1861, les
Uniates,
déjà consti–
tués en communauté à Constantinople, avaient fait de nom–
breux prosélytes dans les districts voisins de la capitale.
Andrinople en comptait par milliers (2). Le gouverneur de
la province, Mehemet-Kiprisli-pacha, ancien grand-vizir,
secondait de son mieux un mouvement qui contrecarrait
les vues de la Russie, et il y prenait un intérêt d'autant
moins dissimulé qu'hostile à toute influence étrangère, il
était convaincu de la neutralité du gouvernement français.
Le cabinet des Tuileries, je ne saurais trop y insister,
ne se livrait point à la propagande dont le soupçonnait la
Russie. Tandis que le prince Gortchakof donnait à entendre
que les consuls français appuyaient partout les Uniates,
M. Thouvenel s'efforçait de démontrer dans ses instructions
à l'ambassade impériale que la meilleure solution du diffé–
rend serait un retour à l'exécution loyale des arrange–
ments qui avaient été pris à l'époque de la suppression des
sièges de Prisrend et d'Ochrida et de leur réunion au pa-
triarchat œcuménique (3). D'après lui l'unité de ce patriar-
(1)
I, 179 à 186.
(2)
Le suffragant d'AndrinopIe, Mgr Chrysanthe, s'était converti
lui-même au catholicisme et était venu se mettre à la disposition des
Uniates de Constantinople. Ceux-ci toutefois s'étant refusés à payer
ses dettes, le prélat avait fait sa soumission au patriarche orthodoxe.
(3)
Jusqu'en 1770 les Bulgares avaient eu un clergé national. A
cette époque les'Grecs obtinrent de la Porte l'exil au Mont Athos de
sept évêques bulgares qui furent remplacés par des prélats d'origine
hellénique. Peu à peu le haut clergé devint exclusivement grec.
Fonds A.R.A.M