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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
La papauté eut ainsi, dans cette circonstance, deux poids
et deux mesures, convaincue sans doute que les Arméniens,
et avec eux les Ghaldéens, seraient de plus facile compo–
sition.
En 1870, on vient de le voir, les faits n'avaient point
justifié ce calcul.
A la suite du règlement de 1846 qui adjoignait un con–
seil mixte aux deux caimafcans préposés à l'administration
du Liban, tout en créant dans les districts mixtes trois
instances judiciaires (1), il était à prévoir que la confession
catholique, c'est-à-dire la majorité, ne tarderait pas à
reconquérir toute sa liberté d'action avec les bénéfices
de ses anciens privilèges. Le clergé maronite semblait
l'héritier infaillible de la prépondérance que les institu–
tions nouvelles enlevaient chaque jour à la féodalité locale.
La Porte toutefois était contraire à la restauration d'un
pouvoir chrétien unique et elle s'efforçait de niveler par–
tout où ils apparaissaient encore, les vestiges de ces souve–
rainetés seigneuriales avec lesquelles elle avait eu à lutter
depuis les premiers temps de la réforme.
En 1861, après le soulèvement qui avait provoqué l'in–
tervention armée de la France, le gouvernement turc dut
néanmoins consentir au rétablissement d'un seul chef chré–
tien dans la Montagne, en garantissant môme au titulaire
de cette charge une gestion triennale.
Daoud-pacha arrivé au premier terme de sa mission
fut maintenu à Saïda pour
[
cinq
ans, et
le
pays con-
(1)
I, 175.
Fonds A.R.A.M