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TA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
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attention les démarches de la curie romaine dans un mi–
lieu qu'il cherchait lui-même à se rattacher sous le cou–
vert du pouvoir religieux relevant de la souveraineté de
l'empire. L'on conçoit même qu'il désirât le triomphe de
Rome sur les dissidents armeno-catholiques, car il pour–
rait un jour tirer avantage de la condescendance de la
Porte à l'égard du Pape et exiger le même traitement pour
le catholicos russo-arménien.
En juillet 1868 et probahlement à la suggestion du gou–
vernement russe, le patriarche d'Etchmiatzine, au lieu de
répondre à l'invitation qui lui avait été faite d'assister au
concile, envoya à Constantinople un évêque chargé de le
représenter d'une.manière permanente au même titre que
le délégué apostolique représentant le Saint-Siège. Mgr
Ciolalian vint à la Porte avec une lettre dans laquelle
Sa
Sainteté le patriarche suprême de tous les Arméniens
voquait, par une singulière interprétation, les libertés con–
cédées depuis le
Tanzimât
pour justifier une situation qui
l'aurait assimilé jusqu'à un certain point au chef reconnu
de la catholicité universelle.
La pensée de la Russie était trop claire pour que le
gouvernement turc se laissât surprendre. Il objecta que la
présence d'un légat arménien ne se conciliait pas avec les
fonctions du patriarche arménien de Constantinople qui,
aux yeux de l'autorité territoriale, était chargé des intérêts
spirituels des Arméniens grégoriens ottomans et que dès
lors il lui était impossible d'accueillir le délégué d'Etchmia–
tzine.
Plus tard, en 1870, lorsque l'on vit la papauté échouer
dans ses tentatives de centralisation à l'égard des Armé–
niens catholiques, le gouvernement russe changeant d'ob-
Fonds A.R.A.M