LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
67
Tandis qu'elle s'efforçait de latiniser les Arméniens
unis, la curie romaine n'avait pas négligé l'imposante frac–
tion des grégoriens qui manifestaient d'ailleurs certaines
tendances vers la communion catholique. En réalité ces
schismatiques se rapprochaient plutôt de Rome par la
Jithurgie que de l'église grecque dite orthodoxe.
En 4868 le Pape les invita à prendre part au concile du
Vatican. La Russie se mit en garde contre ces avances et
il n'est pas difficile de comprendre les motifs de sa suscep–
tibilité. Etchmiatzine aujourd'hui enclavé dans le terri–
toire russe, est, comme l'on sait, le principal centre reli–
gieux des Arméniens. Il fut un temps, comme Ani, la capitale
de l'Arménie et il reste encore le foyer des souvenirs qui
rappellent à un peuple morcelé et soumis son antique
indépendance. Le patriarche ou catholicos qui occupe le
siège d'Etchmiatzine, a la prétention d'étendre sa supré–
matie religieuse sur tous les Arméniens, y compris les
sujets turcs de cette nationalité que l'on peut évaluer à
environ deux millions d'âmes. Or, il est de fait un digni–
taire russe à un titre plus direct que les chefs des commu–
nautés non musulmanes considérés par la Porte comme des
fonctionnaires ottomans en tant qu'investis d'attributions
civiles. Et en effet d'après Ja constitution de l'église ar–
ménienne
(
Bologenià),
lorsque le patriarchat d'Etchmia–
tzine devient vacant, le clergé et la nation présentent deux
candidats à l'empereur de Russie et l'empereur
choisit
et
nomme
l'un d'eux. L'autorité impériale intervient égale–
ment dans l'élection des membres du conseil patriarcal, et
même elle participe aux délibérations de ce conseil par
l'entremise d'un procureur laïque.
Le cabinet de St-Pétersbourg devait donc surveiller avee
Fonds A.R.A.M