LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
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Le camp qui les avait reconnus pour chefs (qu'on me
permette ces locutions profanes), était le plus puissant et
le plus riche et ils ne se faisaient pas scrupule dans leur
ardeur guerroyante, d'accepter le concours des Arméniens
schismatiques qu'ils espéraient sans doute rallier un jour
sous leur drapeau.
Les ecclésiastiques instruits et dirigés par la Propagande
ainsi que leurs adhérents, professaient au contraire les
doctrines du Saint-Siège qui enteudait effacer « les usages
surannés » du catholicisme oriental et ramener tous les
fidèles, quelles que fussent leur origine et leur nationalité,
à la règle commune de la discipline et du rite latins.
La lutte entre ces deux influences éclata vers l'année
1852.
Déjà en 181-6, Rome avait élevé à la primature de
Constantinople, sans la participation des membres de la
communauté, Mgr Hassoun, disciple de la Propagande. En
1850,
le Saint-Siège fit plus :. il procéda de sa propre au–
torité à l'élection de cinq évoques qui furent sacrés par
l'archevêque primat. Les dissidents protestèrent et réus–
sirent à gagner le Divan à leur cause. La Porte refusa
tout d'abord
Yexequalur
aux nouveaux évoques, alléguant
que les chefs des communautés non musulmanes exer–
çaient une juridiction civile temporelle et qu'à ce titre, il
lui importait « de s'assurer de leurs aptitudes ».
Cependant, à un an d'intervalle, les cinq dignitaires ar–
méniens furent reconnus par le gouvernement turc, mais
sous la réserve expresse qu'à l'avenir, la nation intervien–
drait, comme par le passé, dans le choix des prélats.
Les passions s'apaisèrent pour renaître plus violentes en
1852.
Vers cette époque parut une brochure agressive
contre les Mekhitaristes ; elle mit le feu aux poudres. De
Fonds A.R.A.M