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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
graves désordres eurent lieu dans les églises au moment
des offices ; on en vint aux mains et des pétitions furent
lancées pour demander la destitution de l'archevêque
primat.
Fort embarassée de cet incident, la Porte crut devoir
prononcer la déchéance du patriarche civil, Mgr Salviani,
adjoint à Mgr Hassoun et considéré comme son bras droit;
mais pour faire acte d'impartialité, elle décréta en même
temps la dissolution de la société nationale qui avait jeté le
trouble dans la communauté.
Les réformes inaugurées par le
Haïti Humayoun
de
1856
et qui tendaient à la sécularisation partielle du gou–
vernement des communautés religieuses, ne firent toute–
fois qu'encourager les nationaux dans leur opposition aux
envahissements de la curie romaine.
Survint en 1865 la mort du catholicos Grégoire Pierre
VIII, patriarche de Cilicie en résidence à Sis. Or le titu–
laire du siège de Cilicie, étendait sa juridiction sur les
douze archevêques de la catholicité arménienne orientale
et ceux-ci lui avaient prêté serment de fidélité au moment
de leur consécration. Le patriarche Grégoire, toujours ja–
loux de son autonomie civile, avait même obtenu en 1860
d'accréditer auprès de la Porte un envoyé spécial entière–
ment indépendant de l'archevêque primat de Constanti-
nople, initiative qui avait vivement indisposé la papauté.
D'après les traditions de l'église nationale, lorsque le
siège du catholicos devenait vacant, la communauté insti–
tuait un vicaire patriarcal qui présidait à l'élection du pa–
triarche. Mgr Serope Favitian fut désigné à cet effet et
invita en conséquence tous les archevêques à se réunir au
Liban pour procéder au choix du successeur de Grégoire
Fonds A.R.A.M