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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
serait d'instituer un contrôle efficace de la gestion des de–
niers publics par l'emploi de fonctionnaires européens.
Ainsi, et tel est le fait que démontre cette étude critique,
basée en majeure partie sur des documents d'une irrécu–
sable autorité, le
Tanzimât
a négligé de mener de front,
comme s'il n'existait pas entre elles une étroite connexité,
la réforme économique de l'empire et celle de ses institu–
tions politiques. Et si l'on réfléchit à la persistance des
incompatibilités qui séparent les peuples ottomans, l'on
s'explique à peine qu'il n'ait pas compris qu'en amé–
liorant leur condition matérielle, il n'aurait pas moins
fait pour les rapprocher qu'en les dotant de chartes égali-
taires.
«
Il ne suffit pas, disait M. Thouvenel, que la Turquie
s'inculque les grands principes sociaux qui sont l'honneur
de la civilisation. Les puissances européennes, par leur
crédit, par leur intelligence, par les conseils incessants de
leur diplomatie, doivent aussi diriger ses efforts vers le
développement de la richesse publique en facilitant l'éman–
cipation de son agriculture, de son industrie, de son com–
merce. C'est à ce prix qu'elles parviendront à retenir
l'âme qui s'échappe de ce grand corps. »
Fonds A.R.A.M